Transition écologique : l’Art urbain met l’Afrique à l’honneur
D’Afrique, du Canada ou du Vieux continent, la génération montante des architectes, urbanistes et designers a récolté ses trophées annuels. Proclamé le 10 juillet à La Défense, le palmarès du 30ème concours international Art urbain a mis à l’honneur quatre équipes d’étudiants et cinq groupes de jeunes diplômés, sur le thème de la transition écologique des villes, bourgs et villages. Les cinq boursiers sont repartis avec un abonnement d’un an au Moniteur, partenaire de l’événement.
Le concours international Art urbain a récompensé cinq groupes d’étudiants et quatre équipes de jeunes diplômés, le 10 juillet au ministère français de la Transition écologique.
Star de l’édition 2023, l’Epau a recueilli une autre récompense dans la seconde moitié de la cérémonie : issue de l’école d’Alger, Chamsy Mellak fait partie des cinq bénéficiaires des bourses de l’Art urbain, attribuées à des jeunes diplômés. Dans la conception d’une recyclerie dédiée à la réparation d’appareils électroniques et électroménagers, elle aussi a travaillé sur le lien entre un quartier et le reste de la ville.
Chamsy Mellak, récompensée pour la conception d’une recyclerie communautaire dans le quartier algérois El-Harrach :
La topographie l’a aidée, en favorisant une entrée basse, reliée au reste du bâtiment par un escalier symbolique de l’articulation entre les échelles. Chamsy Mellak laisse transparaître son ambition sociale et écologique : « Transformer les consommateurs en acteurs de la réduction des déchets », confie la jeune diplômée algérienne, sous le regard fier de sa mère médecin qui a accompagné sa fille à la cérémonie.
La boursière et les étudiants de l’Epau forment la vitrine d’un palmarès d’exception pour le continent africain, qui décroche deux bourses sur cinq et deux des trois mentions du concours international. Parmi les lauréats n’ont pas pu traverser la méditerranée, les étudiants de l’école africaine des métiers de l’architecture et de l’urbanisme de Lomé (Togo) se sont rattrapés avec un ancien élève : le camerounais Tomy Demanou, ingénieur transport en France chez Vinci Autoroutes, a témoigné d’un enseignement dans lequel « le paysage joue un rôle prépondérant ».
Renaturation au Togo
Envahie par des dépotoirs sauvages et dévalorisée par l’absence de cheminement à Aného, la lagune du lac Togo se dégrade, « oppressée par la présence humaine, y compris la fréquentation touristique », souligne l’ancien élève en architecture et urbanisme.Des écrans végétaux dessinés par les cinq élèves de Monica Coralie assument deux fonctions : prévention de l’envasement et purification de l’eau du lac qui contribue à la renommée de la ville fondée au XVIIIème siècle, à une quarantaine de km de Lomé. Des chemins piétonniers et cyclables permettent d’apprécier la nature régénérée. « La résilience repose sur l’esthétique », commente Tomy Demanou. Outre la mention Respect de l’environnement, le projet d’Aného a décroché le prix du public, fruit du vote de 3651 internautes.
Echos sociaux intercontinentaux
Elève de cette même école de Lomé qui rassemble des étudiants de 14 pays africains, Billios Mbogni Kenne a convaincu le jury pour son centre d’accueil et de réinsertion pour les enfants des rues de Yaoundé (Cameroun). Son projet fait écho aux préoccupations sociales de sa congénère d’Alger, mais aussi à celles de trois jeunes professionnelles françaises récompensées par une bourse de la promotion 2023 de l’Art urbain.
Cure de jouvence productive
A Blanquefort (Gironde) et à Altbach (Bade-Wurtemberg), deux projets réinventent d’anciennes zones d’activités. Dans la banlieue de Bordeaux, un trio d’élèves de l’école d’architecture et de paysage décroche l’une des cinq bourses de l’Art urbain, après avoir réduit la place des poids-lourds et mutualisé les lieux de production. Dans la région de Stuttgart, deux étudiants de l’école technologique de Gdansk (Pologne), encadrées par Katarzyna Zielenko-Jung, aménagent un quai accessible au public sur les rives du Neckar. Une ferme urbaine, une résidence et une médiathèque trouvent leur place dans les anciens bâtiments industriels redessinés par les deux architectes récompensées par la mention « Qualité de la vie sociale » du concours international.
Les Inuits se réinventent
L’Art urbain approche du cercle polaire avec son prix international 2022-2023, attribué à la recomposition urbaine du village d’Inukjuak (nord du Québec).
Mi présentiel, mi distanciel, le format hybride du 30ème palmarès a facilité le partage des savoir-faire mondiaux requis par la transition écologique et sa pédagogie. Président de L’Art urbain dans les territoires, Louis Moutard ne s’arrêtera pas en si bon chemin : un professeur et un élève participeront aux tables rondes du 27 novembre prochain, qui approfondiront le même thème, à travers les prismes de l’eau et de la mobilité, à l’occasion de la remise du prix national.